9 AOÛT 2015 (19ème DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE)

Le long commentaire qui, dans l’Évangile de Jean, suit la multiplication des pains, est divisé en trois parties correspondant à trois dimanches, chacune étant introduite par une question de l’auditoire juif de Jésus. Dans la section qui nous est proposée aujourd’hui, la question des Juifs porte sur son origine : qui est-il ? d’où vient-il ? n’est-il pas l’un des nôtres ? etc.

C’est la grande question, y compris pour nous, et peut-être plus encore qu’au temps de Jésus lui-même. Son auditoire est composé de croyants… Il n’évolue pas dans un monde d’indifférence religieuse, mais dans une société où l’identité religieuse est fortement marquée et omniprésente, ce qui n’est pas le cas pour nous. Pour comprendre aujourd’hui ce qu’il veut dire, il faut sans doute repartir du point de départ : la multiplication des pains. Pour les gens qui le suivent, Jésus accomplit un geste qui leur donne à manger. Ils cherchent à le retenir, à cause de ce geste. Mais Jésus leur en donne le sens : car ce n’est pas de pain qu’ils ont faim, mais de tout ce qui peut donner du sens à leur existence, les tourner avec confiance vers le futur et les mettre en route vers un avenir meilleur. Ils ont raison de vouloir le retenir, mais pas pour manger du pain gratuitement, ils seront invités à le suivre, écouter ses paroles et devenir ses disciples : c’est lui, le vrai Pain, la vraie nourriture pour la route !

Il faut d’abord avoir faim pour venir à lui, être en recherche de ce qui peut donner du sens à l’existence et envie de se mettre en route. Or ces aspirations sont présentes chez beaucoup de nos contemporains, même si elles sont souvent enfouies sous un fatras de promesses éphémères de bonheur. Quand elles affleurent, elles peuvent être le point de départ d’une rencontre avec le Christ, de l’écoute de sa parole et de la décision de le suivre. Le dialogue avec ceux qui ne croient pas "comme nous" ne peut s’établir qu’à partir de questions essentielles, celles qui nous motivent ou nous bloquent, en nous aidant mutuellement à nous débarrasser de ce qui est secondaire ou superficiel, à lâcher prise pour faire confiance en Celui qui a les Paroles de la Vie. Ce temps estival est toujours providentiel pour qui veut se remettre en face de Celui que le Père a envoyé pour le salut du monde !