Avec ce titre, et sans aucune allusion à d’autres titres du même genre, même en latin, je voudrais répondre à l’interpellation d’un certain nombre de chrétiens, catholiques, qui se sont senti agressés par l’incroyable battage médiatique qui a suivi les tragiques événements du début janvier. Pourquoi les catholiques n’ont-ils rien dit, ou si peu ?

Maintenant que l’émotion est passée, les langues commencent à se délier pour dénoncer ce qu’on pourrait appeler une manipulation de la pensée, lourdement orchestrée par les médias étatiques.

Dans un édito écrit à chaud, juste après les événements, j’invitais à une réflexion sur la « liberté d’expression »… Depuis, des voix se sont élevées pour rappeler que celle-ci n’est pas sans limites, puisqu’elle s’arrête là précisément où commence celle des autres, selon l’adage bien connu. En plus, dans notre pays, elle a une formulation légale qui distingue entre l’atteinte à la personne et l’atteinte aux idées ou institutions qu’elle représente. Distinguo subtil, mais la législation est là, et elle encadre la liberté d’expression. Elle autorise, entre autres, de s’en prendre au pape, pas comme personne, mais comme représentant d’un courant de pensée. Là-dessus, nous ne pouvons rien dire ("No podemos"), car la pensée et les institutions chrétiennes font partie du domaine public, donc soumises aux critiques, d’où qu’elles viennent.

La liberté d’expression est un acquis, obtenu de haute lutte, dans l’Europe du 18ème siècle, en partie contre l’Église catholique dont le destin était un peu partout intimement lié aux monarchies "de droit divin". C’est un acquis historique qu’il ne faudrait pas remettre en cause. Mais ses origines lointaines ne sont pas sans résonance avec le principe évangélique de la liberté du chrétien face à toutes formes de domination. Nous ne pouvons donc pas ("No podemos") renier ce qui reste l’axe même de la présence des chrétiens dans le monde : la liberté des enfants de Dieu. D’où la prudence de bien des réactions.

(*) Cf. le slogan du mouvement "Podemos" (= Nous pouvons) qui met les gens dans les rues, en Espagne… et ailleurs ! Ici, c’est "No podemos" (= Nous ne pouvons pas) !